Corée du Sud: Histoire du Cinéma (1ère partie)

1903 -- Première projection publique d’un film en Corée (l’année exacte est discutée).
1910 -- La Corée est officiellement annexée par le Japon, après des années de colonisation effective.
1919 -- Premier film coréen, un kinodrama (pièce avec des inserts de films) intitulé Uirijeok Gutu
1923 -- Premier film muet, Plighted Love Under the Moon de YUN Baek-nam 
1926 -- Arirang de NA Un-kyu
1935 -- Premier film parlant, Chunhyang-jeon de LEE Myung-woo. 
1937 -- Le Japon envahit la Chine.; l’industrie cinématographique coréenne subit des pressions croissantes pour produire des films pro-japonais. 
1945 -- Reddition du Japon face aux forces alliées; la Corée redevient indépendante mais sera bientôt divisée en deux. 
1949 -- Premier film coréen en couleurs, The Women's Diary de HONG Seong-gi. 
1950 -- Début de la Guerre de Corée. 
1953 -- Signature des accords de paix de Panmunjeom. 
1958 -- Les Fleurs de l’Enfer de SHIN Sang-ok
1960 -- La Servante de KIM Ki-young
1961 -- Obaltan de YU Hyun-mok
1961 -- Un coup d’état militaire contribue à consolider l’industrie cinématographique.
1973 -- Mise en place de la Korean Motion Picture Promotion Corporation (KMPPC).
1974 -- Mise en place de la Korean Film Archive. 
1979 -- Assassinat du Président PARK Chung-Hee. 
1980 -- Soulèvement de Gwangju. 
1981 -- Mandala d’IM Kwon-taek
1988 -- Les studios hollywoodiens ouvrent leurs premiers bureaux en Corée, à commencer par UIP. 
1992 -- Marriage Story est le premier film finançé par le membre d’une chaebol -conglomérat- (Samsung). 
1993 -- La démocratisation de la Corée du Sud commence sur la présidence de KIM Young-sam. 
1993 -- La Chanteuse de Pansori d’IM Kwon-taek. 
1997 -- Ouverture du complexe cinématographique de Namyangju en banlieue de Seoul. 
1999 -- Shiri de KANG Jae-gyu sonne le début du boom commercial du cinéma coréen. 
2001 -- La part du cinéma national dans le marché local atteint 50%, boom dans les ventes à l’export. 
2004 -- Silmido et Tae Guk Gi sont les premiers films à faire 10 millions d’entrées.

1903-1945: La Corée sous l'occupation japonaise

L’histoire des débuts du Cinéma Coréen ne nous est parvenue que par fragments. La grande majorité du patrimoine cinématographique des débuts du 7ème Art en Corée a été perdue par négligence ou détruite pendant la Guerre de Corée et aucun film produit avant 1936 n’a survécu dans son intégralité. Néanmoins, les compte-rendus historiques dépeignent une industrie crétive et dynamique ayant produit plus de 160 films du début des années 20 à la reddition du Japon en 1945.

De 1909 à 1920, une série de salles de cinéma a été construite à Séoul et dans des villes de Province telles que Pusan ou Pyongyang. La plupart d’entre elles étaient la propriété d’hommes d’affaires japonais mais quelques propriétaires de salles coréens réunirent assez de capital pour projeter des films importés d’Europe et des Etats Unis. Ce capital fut ensuite utilisé afin d’aider au financement des premières productions coréennes. Le premier « film » coréen (The Righteous Revenge), un kinodrama dans lequel les acteurs assistant l’image devant l’écran, fut pour la première fois projeté en 1919 au Danseongsa Theater de Séoul. Le public semble avoir apprécié cette représentation mais le succès sur le long terme des kinodramas pâtit des critiques d’intellectuels voyant dans cette forme « intermédiaire » une insulte au théâtre et au cinéma.

Le premier film muet coréen fut profuit en 1923 et dans les années qui suivirent sept studios coréens allaient apparaître. Arirang (1926) de NA Un-kyu est considéré comme le chef d’œuvre de la période. Na, alors âge seulement de 25 ans, était le réalisateur et l’interprète de ce film racontant le meurtre d’un fils de riche propriétaire terrien lié à la police japonaise par un homme mentalement instable. Le titre du film est emprunté à une chanson populaire qui deviendra progressivement un hymne du mouvement indépendantiste coréen. Admiré pour ses qualités esthétiques et son message politique caché, le film devint une source d’inspiration pour une vague de jeunes cinéastes cherchant à faire un cinéma réaliste et prônant la résistance à l’occupant japonais.

Malgré la popularité croissante du cinéma local, sa croissance fut limitée par la Censure japonaise. L’administration coloniale exigeait en effet que tous les films nationaux comme étrangers obtiennent un visa da la commission de censure gouvernementale avant leur projection en salles et la police était présente lors des projections piubliques. Malgré la diffusion à la fin des années 20 de quelques œuvres exaltant le nationalisme coréen, la censure deviont plus stricte dans les années 30 au point que seuls mélodrames, drames en costumes et films pro-japonais dominèrent la production de l’époque. Certains films furent catégoriquement interdits et par conséquent détruits.
 
En 1935, LEE Myung-woo réalise avec l’aide de l’ingénieur du son LEE Pil-woo Chunhyang-jeon (une adaptation de la plus célèbre légende coréenne depuis filmée plus d’une douzaine de fois au cinéma). Malgré tout, les cinéastes locaux eurent des difficultés à réunir assez d’argent pour réaliser des films parlants et ces derniers subirent des critiques plus dures que les films muets les ayant précédés. Deux ans après, le succès en salles de Drifter (1937) de LEE Gyu-hwan's établit définitivement le parlant comme la norme. La même année, le Japon envahit la Chine et l’industrie coréenne allait subir des pressions croissantes afin de réaliser des films exaltant l’armée japonaise et l’effort guerrier. A partir de 1942, l’administration de l’occupant bannit les films en langue coréenne.

1945-1955

Seuls 5 films de la période comprise entre l’occupation américaine et la fin de la Guerre de Corée ont survécu Le plus célèbre d’entre eux est le film de CHOI Un-gyu Chayu Manse! de 1946. Ode patriotique parcourue d’un intense sentiment anti-japonais, le film fut un grand succès public.

Durant la Guerre de Corée, une grande partie du matériel technique de l’industrie du cinéma fut détruite. Peu après l’armistice de 1953, le Président RHEE Syngman exempta le cinéma de toute taxation, espérant ainsi ranimer l’industrie locale. Des programmes étrangers d’aide fournirent alors à la Corée du Sud technologie et équipement cinématographique, préparant ainsi la renaissance du cinéma coréen à la fin des années 50 et dans les années 60.

1955-1969: Un Age d'or du Cinéma Coréen

La seconde moitié des années 50 peut être consérée comme une période de retour en grâce de l’industrie cinématographique coréenne : le nombre de films produits passe de 8 en 1954 à 108 en 1959. Le public retourne alors en salles : la désormais perdue version de 1955 de Chunhyang-jeon (200 000 spectateurs à Séoul, soit un dixième de la population de la ville) et Madame Freedom (1956), adaptation d’un roman à scandale publié un an auparavant dans la presse sont de grands succès.

La fin des années 50 et le début des années 60 voient émerger quelques-uns des plus talentueux cinéasyes coréens. Ces derniers travaillent durant une période de recettes exceptionnelles au Box Office pour le cinéma national. Cependant, la dictature militaire de PARK Chung Hee institua une très coercitive loi sur le cinéma qui entraîna une baisse du nombre de studios et renforça le contrôle étatique sue l’industrie. Même si quelques films notables sont encore produits jusqu’à la fin des années 60, cela eut pour conséquence de brider la créativité de l’industrie.

Le plus original (et provocateur) talent à avoir émergé de la période est sans conteste KIM Ki-young. Renommé pour ses drames domestiques, KIM réalise son film le plus célèbre, La Servante, en 1960. Ce film -racontant comment une servante manipulatrice séduit son maître- brise les conventions du cinéma de son temps tout autant que son héroïne transgresse l’Ordre Confucéen de son foyer. Comme dans beaucoup de films de KIM, les femmes y possèdent un grand pouvoir et incarnent une menace directe pour les hommes. Oublié plusieurs décennies durant, le travail de KIM a été redécouvert dans les années 90 et réhabilité à sa juste valeur dans l’Histoire du Cinéma Coréen.

Un autre talent significatif à avoir émergé de la période est YU Hyun-mok qui fit sensation avec son Obaltan de 1961. Combinant les thèmes et les préoccupatons sociales du Néo-Réalisme avec un travail sur le son et des visuels expressionnistes, le film rend compte de la souffrance et du désespoir engendrés par les destructions de la guerre et le développement économique. Se focalisant sur les marginaux, l’œuvre de YU est très stylisée et l’une des plus intellectuelles de la période.

Enfin, SHIN Sang-ok s’imposa comme une figure de premier plan du cinéma coréen avec ses premiers films. Parmi eux, Les Fleurs de l’Enfer (1958) et l’Invité de la chambre d’hôte et ma mère (1961). Ce dernier film est le plus célèbre du cinéaste. Raconté du point de vue d’une jeune femme, il décrit le combat d’une jeune veuve qui tombe amoureuse de son locataire mais ne peut exprimer ses sentiments du fait de codes sociaux stricts. A la fin de la décennie, SHIN filme en couleurs et se tourne vers un cinéma au ton plus sensuel avec des films comme Le Rêve (1967), basé sur une vieille légende d’un moine bouddhiste libidineux, et une réussite majeure située à l’époque médiévale de la Dynastie Chosun Les Eunuques (1968). En 1978, après avoir réalisé près de 80 films dans son pays, lui et sa femme sont mystérieusement kidnappés et emmenés de force en Corée du Nord. Après y avoir travaillé 8 ans comme cinéaste, il part pour Hollywood où il produit The Three Ninjas et ses suites sous le pseudonyme de Simon SHEEN.

Texte publié à l'origine sur le site Koreanfilm.org

date
  • February 2008
credits
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